Gestion financière : lorsque famille et argent s’entremêlent

Allier argent et famille comporte son lot de difficultés. Lorsque finances et famille se rencontrent, différentes émotions, valeurs et aspirations surgissent, donnant souvent lieu à des conversations délicates. Concilier famille et finances ne se limite toutefois pas à la prise de décisions financières judicieuses. Il convient également de préserver les liens familiaux et de se soutenir mutuellement dans la poursuite des objectifs individuels. 

En abordant les questions financières avec empathie et compréhension et avec la volonté de parvenir à un terrain d’entente, les familles peuvent aller de l’avant, même en cas de difficultés. L’objectif ultime ? Faire fructifier leur argent commun, tout en renforçant les liens qui les unissent.

Les familles traversent souvent des périodes de conflit lorsqu’elles discutent d’argent, mais les causes originelles de ces disputes sont généralement nettement plus complexes qu’il n’y paraît. L’argent peut cristalliser de nombreux problèmes sous-jacents. Du sentiment d’insécurité aux luttes de pouvoir intenses, en passant par le manque de confiance en soi, les disputes familiales autour des finances ne se limitent bien souvent pas à une question d’argent.

Les tensions deviennent particulièrement intenses lorsque l’argent joue un rôle prépondérant dans la définition de la valeur d’une personne. Au fur et à mesure que la fortune se mêle à la valeur personnelle, les membres d’une famille risquent de perdre le sens de leur propre identité. Les discussions sur l’argent sont alors beaucoup plus chargées en émotions. Dans certains cas, l’argent vient compenser l’absence de liens affectifs entre les membres d’une famille et se substitue à l’affection et à l’attention. Les discussions de nature financière revêtent donc une charge émotionnelle plus importante.

Les conflits persistants de pouvoir et de contrôle entraînent souvent des tensions financières. Lorsque des inégalités financières apparaissent au sein d’une famille — par exemple, lorsqu’une personne gagne plus et impose ses décisions financières — une lutte de pouvoir risque d’éclater. C’est notamment le cas si la personne faisant le plus autorité ignore l’avis et les besoins des autres. De telles inégalités nuisent à la confiance et nourrissent le ressentiment entre les membres d’une même famille. Les tensions risquent alors de s’aggraver et de dépasser le cadre des questions financières.

Les conflits interpersonnels et intergénérationnels autour de l’argent au sein des familles trouvent parfois leur origine dans des normes sociétales et des attentes culturelles. Certaines croyances et valeurs en matière de richesse, de réussite et de responsabilité sont source de tensions — par exemple, la volonté de maintenir les rôles traditionnels des hommes et des femmes. Lorsque ces aspirations se heurtent à des réalités familiales différentes, elles peuvent engendrer une bonne dose de stress et d’anxiété.

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Selon les estimations, 75 % des personnes risquent d’être confrontées à un conflit lié à un héritage au cours de leur vie. Alors que le nombre de différends autour de testaments ne cesse d’augmenter, l’héritage représente l’un des sujets financiers les plus sensibles pour les familles. La manière dont le patrimoine est transféré au décès d’un membre de la famille peut susciter des émotions intenses, tant lors de la rédaction d’un testament qu’au lendemain du drame. Voilà pourquoi, lors de la rédaction d’un testament, il est crucial de tenir compte des personnes affectées par celui-ci et, dans la mesure du possible, d’aborder la question de leurs sentiments et de leurs besoins respectifs. 

Deux choses peuvent aider à éviter les conflits d’héritage : l’honnêteté et une communication transparente. Une transparence absolue peut, dans un premier temps, engendrer des tensions ou des conflits, mais, en fin de compte, elle permet à tout le monde de mieux parvenir à une résolution sensée de la situation. Dissimuler des informations ou duper les membres de sa famille peut accentuer les émotions et nuire aux bonnes relations, en particulier après un décès dans la famille. Mieux vaut au contraire en discuter de son vivant. De cette façon, les membres de la famille peuvent partager ouvertement leurs intentions et leurs opinions, ce qui permet d’éviter les suppositions et les malentendus par la suite.

Mélanger vie professionnelle et vie familiale revient à faire s’entrechoquer le privé et le public. Néanmoins, puisque 75 % des entrepreneurs et entrepreneuses et 81 % des chefs et cheffes d’entreprise chevronnés co-détiennent ou co-gèrent leur entreprise avec des membres de leur famille, cette cohabitation entre vie professionnelle et vie privée semble être la norme pour bon nombre de personnes. Pourtant, seuls 19 % des entreprises familiales ont mis en place des protocoles de résolution des conflits, si bien que les tensions sont souvent inévitables. 

La résurgence de conflits familiaux non résolus risque de peser rapidement sur les décisions de l’entreprise. Au sein d’une entreprise multigénérationnelle, les mécanismes à l’origine de la prospérité sont parfois obsolètes et inefficaces. Dans ce cas, faire appel à des spécialistes rompus à la gestion et au désamorçage des conflits peut s’avérer décisif. Au bout du compte, la priorité reste de préserver tant les relations familiales que l’entreprise.

Néanmoins, au-delà des difficultés, le travail en famille présente un intérêt majeur. Il représente une occasion unique d’apprendre à mieux connaître les membres de sa famille tout en travaillant à la réalisation d’un objectif commun. Par ailleurs, les entreprises familiales offrent une plateforme pour sensibiliser la nouvelle génération à la gestion judicieuse de l’argent, à l’importance de nouer de bonnes relations et à la valeur de la collaboration.

Emprunter de l’argent à un membre de sa famille conduit parfois à des situations délicates. Le cas échéant, mieux vaut considérer les aspects financiers et relationnels de la question. Le désir d’aider peut être présent, mais il est essentiel d’examiner objectivement la situation avant d’accepter de prêter de l’argent à un membre de sa famille.

Des recherches montrent que prêter de l’argent à des membres de sa famille produit des résultats mitigés. D’après une enquête de Bankrate menée en 2019, environ 60 % de la population américaine a déjà prêté de l’argent à des membres de la famille ou à des amis. Toutefois, 37 % de ces personnes ont déclaré avoir perdu de l’argent et 21 % ont indiqué que le prêt avait dégradé leur relation. Par conséquent, lorsqu’il s’agit de prêts intrafamiliaux, vous devez absolument établir un plan précis du remboursement intégral du montant en question. Faute de quoi, des dommages financiers et familiaux sont à craindre.

Dans le même ordre d’idées, mieux vaut parfois dire « non » à un membre de sa famille qui vous demande de l’argent. Cette démarche permet de protéger à la fois le côté financier et le côté relationnel. Au lieu de transférer immédiatement de l’argent, mieux vaut parfois proposer d’autres solutions ou orienter les membres de la famille vers des institutions financières plus à même de les aider.

L’équilibre entre les dynamiques complexes de l’argent et de la famille vous préoccupe ? Cet équilibre ne devrait en principe pas être source de stress, mais il requiert toutefois une communication transparente, des valeurs partagées et une vision tournée vers l’avenir. Commencez par instaurer un climat de confiance et de non-jugement où les membres de la famille peuvent discuter ouvertement de leurs positions et de leurs valeurs en matière d’argent. Pour ce faire, il est important de connaître la façon dont l’argent est utilisé, épargné et partagé au sein de la famille et de comprendre l’interaction entre les différentes valeurs, les objectifs et les habitudes en matière de finances. En comparant leurs points de vue et en trouvant un terrain d’entente, les membres d’une famille peuvent jeter des bases solides pour les décisions financières prises en commun.

Pour résoudre les conflits, une écoute attentive suffit souvent. En cherchant à comprendre les différents points de vue, ainsi que les émotions et la mécanique qui les sous-tendent, vous contribuerez à apaiser les tensions. L’empathie, la compréhension et la volonté commune de préserver des liens familiaux solides sont autant d’éléments essentiels. Ces éléments permettent aux familles d’instaurer un environnement constructif et positif où tout le monde se sent écouté et valorisé.

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